PALEUR
Accroupi dans la tranchée
j’essaie
pour tuer l’ennui
de dessiner le monde
avec un crayon rouge.
Les choses s’abolissent sous les lignes rigides
par lesquelles je tente de les évoquer.
Ne reste que le vide de la page blanche qui a tout avalé.
Quelqu’un a peint de blanc
le ciel dans lequel je me fonds
comme dans les yeux d’un fou ;
quelqu’un a peint de blanc
les racines des arbres, gonflées
comme les bras qui nous ont repoussés ;
quelqu’un a peint de blanc
l’acacia qui fait pleuvoir sa laine sur nos têtes ;
quelqu’un a peint de blanc
le pas que je fais vers toi ;
quelqu’un a peint de blanc
le regard de ma mère
qui croit toujours que la mort
est au-delà de moi.