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Et la vérité la saisit là, dans la brise vivifiante, parfumée aux mûres, tandis qu’elle se tenait debout et immobile sur la terrasse, comme étrangère à l’émoi qui avait saisi aussi bien Liakos et Despina, que les nonchalants du café et les voisins attroupés autour de la maison pour la circonstance.
Le Dieu dont parlait le pope, avait pris son compas. Il avait tracé un cercle parfait et magique, circonscrivant le village hors du temps, loin des autres villes, loin de la mer, loin de la capitale, loin de ses parents. Puis il avait oublié Stamena, ce village perdu qui la happait, et l’avait laissé aux créatures maléfiques, dont certaines gardaient la frontière et d’autres dansaient des rondes infernales. Il avait planté la pointe du compas dans le muret de sa grand-mère, faisant éclore au centre de cette circonférence de feu, la laideur et le mal. Peut-être était-ce pour cela que le lion avait surgi, un jour, comme un avertissement à tous ceux du village, qui devaient avoir commis quelque faute épouvantable.
Comme à chaque fois qu’elle dénichait une vérité, Ismène se sentit rassérénée. Elle pouvait s’asseoir et reprendre le fil de sa lecture, sans se soucier du brouhaha environnant.
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