Veilleur de l’ombre,
L’ange a niché ses plumes
Sous l’aile d’une statue,
Lumineux pléonasme ;
Qu’est-il
L’ange qui n’a d’ange que le nom,
Le regard d’en haut,
Le regard d’au-dessus ?
Ange sans obédience,
Ange du paradoxe,
Ange sans être ange,
Sans cesse voyageur caressant
De son œil doux
Les petites taches disséminées par terre,
Celles qui ne croient plus aux anges
Pour avoir trop frôlé
Celui de la mort,
Ange que dans les prières
Et les démissions
Au sol on ressuscite,
Suivant à la trace
Les pas dans la neige,
Les pas de la faim à la poursuite de
La petite poule noire qu’on égorge,
En semant des perles de sang
Comme des boutons sur une robe de mariée,
Une promise avec au sein gauche
Une fleur rouge qui dégouline lentement
Sur la fourrure immaculée de l’hiver
Si difficile à pénétrer
Dans cette traversée d’exil,
Ballet désarmé d’imperméables et de parapluies,
Traînant derrière eux des cantines
Et des valises en carton.